Marcel LEFEVRE


 

Marcel Lefèvre est né le 17 mars 1918 aux Andelys (Eure).

Il est le sixième enfant d'une famille de milieu modeste. Elève studieux, il est reçu premier du canton à l'épreuve du C.E.P. Grand sportif, il est également attiré par le théâtre. Grâce à l'Aviation Populaire, il peut obtenir en 1937 son brevet de pilote à Etrépagny.

Le 22 avril 1938, il s'engage dans l'armée de l'Air. Détaché à l'école d'Angers entre le 2 mai 1938 et le 12 décembre 1938, il y obtient son brevet de pilote militaire (n°26415) le 1er août 1938.

Le 16 décembre 1938, il est nommé au grade de sergent.

Envoyé à Istres début 1939, la guerre le trouve à Salon, élève moniteur sous les ordres du capitaine Fleurquin. Il devient un très fin pilote et un excellent instructeur et est affecté au G.C. II/3.

A partir du 1er septembre 1939, il est moniteur de chasse à Bergerac sur "Curtiss H 75". Fanatique du pilotage, il compte 785 heures de vol à l'Armistice de juin 1940, qui le trouve à Bordeaux, insatisfait et humilié de n'avoir pu entrer dans la bagarre.

Il se fait démobiliser le 1er janvier 1941, préférant quitter l'armée plutôt que de se battre en Syrie contre les Anglais. De retour chez lui, il comprend bien vite qu'il ne pourra pas supporter l'Occupation, et un mois après, il repasse clandestinement la ligne de démarcation, fait annuler son congé et est affecté à Blida (Algérie), puis au G.C. I/3 à Oran le 1er avril 1941.

Il se lie particulièrement avec ses camarades Marcel Albert et Albert Durand. Rester inactifs, mener une vie insuffisante, devient impossible pour ces trois patriotes ardents. La décision de Marcel Lefèvre est prise, il partira pour Gibraltar dès que l'occasion se présentera. Le 14 octobre 1941, en compagnie de Durand et Albert, il profite d'un exercice pour s'éclipser et voler à tire d'aile à bord de son "Dewoitine 520" en direction de Gibraltar. Jouant de malchance, Marcel Lefèvre se pose sur le champ de courses de La Linea. En un réflexe, il s'aperçoit de son erreur, remet les gaz et s'envole, laissant sur place les carabiniers qui, stupéfaits, n'ont même pas le temps d'ajuster son "Dewoitine". Il est nommé sergent-chef à dater de ce même jour.

Dès son arrivée chez les Britanniques, il signe son engagement dans les F.A.F.L.(Mle n°30911) le 19 décembre 1941. Tout d'abord affecté au Centre d'Instruction de Camberley à compter du 1er janvier 1942, il est à l'O.T.U. 57 de Chester le 24 février 1942. Le 1er mars 1942, il est aspirant et reçoit son affectation le 30 avril 1942 pour le Squadron 81 alors que ses deux camarades Albert et Durand sont affectés au groupe "Ile de France". Chargé de la défense de Londres, il participe à de nombreuses missions sur la Manche et même sur la France occupée. Lorsqu'il apprend qu'une escadrille de chasse française se constitue sur le front russe, il se porte volontaire.

Et comment aurait-il pu en être autrement pour cet homme qui, présenté au général de Gaulle le 22 janvier 1942, avait déclaré sans hésiter : "Si vous pensez un jour envoyer des pilotes en Russie, nous sommes volontaires !".

Arrivé aux F.A.F.L. au Moyen-Orient le 9 octobre 1942, il est affecté au G.C.III "Normandie" à compter du 15 octobre 1942. Deux mois plus tard, il nommé sous-lieutenant.

C'est ainsi que Marcel Lefèvre, après un long périple, atterrit le 29 novembre 1942 à Ivanovo.

En mars 1943, il est lancé dans les premiers combats. Il se révèle très vite comme le plus brillant des chasseurs. Le 5 mai 1943, il abat son premier avion allemand, un "Henschel 126". De cette date jusqu'au 15 octobre 1943, Marcel Lefèvre remporte 14 victoires aériennes dont 11 homologuées.

Son talent reconnu, il fait l'admiration de tous. Le 25 décembre 1943, il est nommé lieutenant.

Le 28 mai 1944, le lieutenant Marcel Lefèvre, commandant de la 3ème escadrille "Cherbourg", se pose en flammes sur le terrain de Doubrovka. Il réussit tout seul à s'extraire de son cockpit bien que gravement brûlé au visage, aux mains et aux cuisses. Cependant, il a encore la force de rassurer ses camarades sur son état. Transporté à l'hôpital de Moscou, malgré des efforts héroïques, le jeune lieutenant Lefèvre succombe, le 5 juin 1944, à ses blessures, la veille du débarquement allié dans sa chère Normandie. Il fut assisté jusqu'à son dernier souffle par le capitaine Delfino.

Le groupe, l'aviation et la France perdaient un Français d'élite. Dans un recueillement et une peine incommensurables, en présence de ses camarades et des autorités militaires françaises, les Soviétiques entourèrent sa dépouille mortelle d'honneurs extraordinaires. Malgré la place occupée par les nouvelles du débarquement en Normandie, le journal "l'Etoile Rouge" publie en dernière heure 60 lignes de nécrologie sur Marcel Lefèvre, honneurs réservés ordinairement à la mémoire de chefs importants de l'Armée Rouge. Il fut inhumé à Moscou près des grognards de Napoléon de la Campagne de 1812.

Marcel Lefèvre a été fait "Héros de l'Union Soviétique" avec "Ordre de Lénine" - à titre posthume - par décret du Praesidium du Soviet Suprême de l'U.R.S.S., le 4 juin 1945.

Le lieutenant Marcel Lefèvre était Chevalier de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, Croix de Guerre, Ordre du Drapeau Rouge, Ordre de la Guerre pour la Patrie, Ordre de Souvorov, et avait obtenu 9 citations. A 26 ans, il totalisait 1300 heures de vol et 128 missions de guerre. Le 18 février 1953, les Russes remettaient aux autorités militaires françaises de Berlin-Ouest, les corps de Marcel Lefèvre et de plusieurs de ses camarades de "Normandie-Niémen", pour qu'ils puissent être rapatriés.

Marcel Lefèvre repose au cimetière du Grand Andely près de ses parents. Aux Andelys existent une rue, une école et une plaque sur sa maison natale, ainsi que sur le mur de l'aérodrome de Bergerac.

Yves Donjon
Documentaliste du musée Normandie Niemen
Copyright 2002 Musée Normandie-Niemen-27700-Les Andelys.
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Marcel Lefèvre sur son Yak 9 Marcel Lefèvre devant son yak entouré de femmes et d'enfants Obsèques de Marcel Lefèvre (juin 44) Les tombes de Marcel Lefèvre et henry Foucaud au pied du monument des soldats de Napoléon à Moscou
  Entrée du cimetière des Andelys où est enterré Marcel Lefèvre Plaque en l'honneur de Marcel Lefèvre posée à l'entrée du cimetière