BEAUMONT Roger
Roger-Antonin-Gustave Beaumont
est né le 22 juin 1933 à Thiberville, dans l’Eure.
Il est l’aîné d’une
famille de cinq enfants dont le père exerce la profession de maçon. A l’âge de
dix-huit ans, titulaire d’un CAP d’Ajusteur, Roger contracte un engagement
volontaire de cinq ans dans l’armée de l’Air (NIA : H-08390), le 4 octobre
1951. Il est affecté à la BA 116 d’Aulnat où durant deux mois il reçoit les
premiers rudiments de l’instruction militaire aérienne, avant d’être détaché
aux USA pour suivre un stage de mécanicien avion. Le 2 février 1952, il
embarque au port du Havre pour arriver sur le sol américain une semaine plus
tard. Il rejoint l’Aircraft Mechanic
General Jet School sur l’Air Force Base d’Amarillo, au Texas. Nommé caporal
le 1er juin 1952, il obtient le « Certificate of Proficiency specialising in Aircraft hydraulic Mechanic »
le 13 août suivant, sur l’Air Force Base de Chanute, dans l’Illinois. Affecté à
la 3ème Escadre de chasse de Reims à compter du 29 août, alors qu’il
est en mer, il est de retour en France le 4 septembre. Détaché en Allemagne le
23 décembre 1952, il est promu sergent, le 1er janvier 1953. Il rejoint
ensuite la BE 721 de Rochefort pour parfaire sa formation et est breveté
élémentaire mécanicien avion (n° 10.481) le 20 avril 1953. Affecté à la 11ème
Escadre de chasse de Luxeuil le 20 juillet 1953, il travaille alors
essentiellement sur le chasseur-bombardier américain Republic F-84 Thunderjet et Thunderstreak. Volontaire pour un séjour en Extrême-Orient, Roger
Beaumont débarque en Indochine le 23 février 1954, après trois semaines de
traversée maritime. Il est affecté au Parc 18/195 stationné sur le terrain d’Haïphong-Cat
Bi (Tonkin). Placé sous le commandement du lieutenant-colonel Vidal, il œuvre principalement
sur Grumman F8F Bearcat. Le sergent
Beaumont ouvre officiellement son carnet de vol le 5 mars 1954, en effectuant la
liaison (d’une durée de 4h15) Saïgon – Bach Maï. Le 24 décembre 1954, il est
affecté à l’ELA 52 sur la BA 193 de Tourane (Annam) sous les ordres du
commandant Colin, auquel succèdera le commandant Clérouin. Début janvier 1955,
il rejoint sur la BA 191 de Tan Son Nhut (Cochinchine) le GT 2/62 Franche-Comté équipé de C-47 Dakota. Le 1er août 1955, il
obtient le brevet élémentaire de mécanicien avion – circuit hydraulique
atterrisseur. Arrivé au terme de son séjour de dix-huit mois, Roger Beaumont
embarque à Saïgon le 30 août 1955, à bord d’un SE 2010 Armagnac à destination de Marseille qu’il rallie le surlendemain
après 30h25 de vol. Après son congé dit « de fin de séjour
colonial », il est affecté le 4 novembre 1955 à l’Escadron de chasse de
nuit 3/30 Lorraine équipé de Gloster Meteor NF 11. Stationnée à Tours,
l’unité est placée sous les ordres du capitaine Feyeux. Fervent amateur de
football, sport qu’il pratique lui-même, Roger Beaumont joue chaque semaine avec
l’équipe de Parçay-Meslay, commune jouxtant la base aérienne de Tours. Le 20
septembre 1956, devant le lieutenant-colonel Willefert chef du CBA 757 de Tours,
le sergent Beaumont contracte un rengagement de trois ans au titre du PNNS
(Personnel non-navigant spécialiste). En 1957, l’EC 3/30 reçoit ses premiers intercepteurs
tout temps SO Vautour II N. L’année
suivante, le commandement de l’unité est confié au capitaine Denoyel. Le 22
novembre 1958, Roger Beaumont quitte le 2/30 et Tours pour l’Algérie, étant
affecté à l’Escadrille de chasse de nuit 1/71. Cette unité nouvellement crée, basée
à Tébessa et équipée de MD 315 Flamant
est placée sous le commandement du capitaine Pintor. Le 15 juin 1959, l’ECN
1/71 est transférée sur la BA 213 de Bône-Les Salines et par la suite le
capitaine Pozzo di Borgo remplace le capitaine Pintor à la tête du groupe. Durant son séjour en Algérie, Roger Beaumont
effectue de nombreuses missions aériennes. Le 5 septembre 1960, il est
réaffecté en métropole et promu au grade de sergent-chef le 16 décembre
suivant. En janvier 1961, il est affecté à l’EC 2/12 Cornouaille au sein de la 12ème Escadre de chasse de
Cambrai. Commandé par le capitaine Castellano, le 2/12 est équipé de MD Super Mystère B2. En décembre 1962, le
capitaine Maerten prendra le commandement du groupe. Roger Beaumont effectue
plusieurs détachements en Algérie ; il officie entre autres avec le GLA 45
à Bône et l’ET 3/61 Poitou à
Boufarik. La carrière militaire de Roger Beaumont aurait due se dérouler
parfaitement si des problèmes de santé n’étaient venus contrarier cette
dernière. En effet, depuis sept ans il souffre de maladies chroniques
contractées au cours de son séjour en Indochine. Ces problèmes de santé
récurrents vont le contraindre à être mis à quatre reprises en congé d’attente
de réforme. Roger Beaumont referme son carnet de vol le 4 décembre 1962, totalisant
298h05 dont 108h40 de nuit et 84h45 de vol de guerre. Il est mis en réforme
définitive le 4 janvier 1963, et ce même jour est rayé des contrôles du CATA
(Centre administratif territorial de
l’air) n° 863 de Creil.
Désormais, le
sergent-chef mécanicien Beaumont fait place à monsieur Beaumont. Cependant, il
n’oubliera jamais cette importante période de onze années de sa vie où il
portait l’uniforme, et restera toujours fidèle à ses camarades de sa chère
armée de l’Air. Sa manière de s’investir au sein de l’ANSORAA (Association
nationale des sous-officiers de réserve de l’armée de l’Air) en sera le
témoignage le plus significatif. Durant de nombreuses années il occupera des
fonctions au sein du bureau de la section ANSORAA du Val-d’Oise avant de rejoindre
la section de Vendée – Pays de la Loire.
Roger Beaumont est
titulaire de plusieurs décorations dont notamment la Médaille coloniale (avec
agrafe « Extrême-Orient), la Médaille commémorative de la campagne
d’Indochine, la Médaille commémorative des opérations de sécurité et de
maintien de l’ordre en Afrique du Nord (avec agrafe « Algérie »).
Incarnation même de la
bonté et de la gentillesse, homme véritablement humble, ne recherchant ni la
publicité ni les honneurs, Roger Beaumont n’arbore jamais ses décorations par
modestie. Il fait partie de ces combattants anonymes qui ne sont pas des héros
mais qui, « simplement », ont fait leur devoir.
Rendu à la vie civile,
Roger Beaumont devient Représentant sur la région parisienne au sein de la
société Wonder, poste qu’il occupera jusqu’à son départ en retraite en 1991. Auparavant,
en 1970, il épouse mademoiselle Nicole Laval et de cette union naîtra l’année
suivante un garçon prénommé Patrick. Homme extrêmement dynamique, Roger
Beaumont n’est pas du genre à mener une existence oisive et couler des jours
heureux dans le désœuvrement. Sa retraite, il va la mettre à profit pour
s’engager avec ardeur dans la vie associative. Parmi les nombreuses
associations dont il est membre, il en est une à laquelle il va se consacrer
avec dynamisme et passion : le « Musée Normandie-Niemen », qui
voit le jour le 21 septembre 1992, aux Andelys (Eure) et qui deviendra « Mémorial
Normandie-Niemen » en 2005. Roger Beaumont fait partie de la petite équipe
de bénévoles qui va travailler (démontage, ponçage, peinture, remontage…) sur
une cellule de Mirage F1 pour exposer
celle-ci sur un pylône devant le musée des Andelys en septembre 1993. A partir
du mois de mai 1994, il va entamer un quasi marathon des aérodromes et des
bases aériennes à travers toute la France. Durant ces dix-huit années il sera
présent avec le stand du « Musée Normandie-Niemen » aux journées
portes ouvertes, meetings aériens, expositions, conférences, etc. Véritable
cheville ouvrière de l’association, il se dépensera sans compter pour entretenir
la mémoire de Normandie-Niemen et promouvoir le mémorial. Ce dernier ayant été
dans l’obligation de fermer ses portes en décembre 2010, Roger Beaumont se
préparait à prendre part à une nouvelle aventure avec le transfert du mémorial
au « Musée de l’Air » du Bourget, si un destin cruel n’était venu le
frapper brutalement…
Roger Beaumont décède
le 23 août 2011, des suites d’un accident de la circulation routière.
Ses obsèques ont été
célébrées le 27 août, en la chapelle de Sion-sur-l’Océan, en présence des
drapeaux des associations patriotiques venues lui rendre les honneurs. Plongés
dans une peine incommensurable, ses nombreux amis étaient également présents
pour lui rendre hommage et l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. Roger
Beaumont repose désormais au cimetière du Terre-Fort à Saint-Hilaire-de-Riez,
en Vendée.
Biographie rédigée par
Yves Donjon, en hommage à son grand ami Roger Beaumont.
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